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À peine 6h du matin, un petit sac à dos jeté sur l’épaule, nous enfourchons notre scooter tels Kaneda et Kei (Otomo oblige 😉 ), direction gare d’Austerlitz. Eh oui, cette année encore, nous partons avant l’aube pour nous rendre dans la ville la plus célèbre aux bédéphiles. Nous y sommes pour la journée de vendredi uniquement, soit sept heures avant de reprendre le train, et au vu du programme chargé, pas de temps à perdre…
Loin des courses aux dédicaces, palmarès, remises de prix et différentes polémiques qui ont agités les sensibilités dans les médias et sur les réseaux sociaux ces dernières semaines, nous vous proposons un retour sur notre court passage sur place, plein de rebondissements et de bien jolies choses… (Toutes les photos de cet article, que nous avons souhaité le plus complet possible, sont cliquables afin d’être agrandies.)
10h30, nous arrivons en gare d’Angoulême. Le temps est un peu gris mais semble déjà annoncer un climat bien plus clément que l’an passé. Cette fois-ci, je n’ai pas oublié d’imprimer nos billets à l’avance (voir éd. 2015)… Nous retirons nos pass à l’Hôtel de ville et en profitons pour visiter notre première expo dans l’ancienne salle du château d’Angoulême, réhabilité en bâtiment public.
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Aquaviva (éditions de la Cerise)
Sur les cadres suspendus aux vieilles pierres du château, nous découvrons les planches de Guillaume Trouillard. Un récit post-apocalyptique peint à l’encre de chine et à l’aquarelle et dépourvu de la moindre bulle de texte. Les illustrations de ce premier fascicule qui nous sont ici présentées nous évoquent rapidement les personnages de Tarzan et Jane version moderne, transposés dans un monde en ruine.
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Hommage à Coyote
Sur les panneaux électoraux autour de la place de l’Hôtel de ville, ses larges dessins fortement colorés nous rappellent le souvenir douloureux du décès l’année dernière de cet immense artiste, auteur de l’incontournable Litteul Kévin. L’idée était fort louable, mais très frustrante pour nous, car après avoir fait le tour de la place, nous n’avons compté que 6 illustrations pour ce génie satirique et drolatique pourtant foisonnant. Un peu succinct comme hommage…
Little Asia
Déjà presque midi. On fonce à la bulle dédiée à l’Asie pour s’émerveiller du talent effarant de Kim Jung-Gi, qui s’apprête à poursuivre en direct l’avancée d’une fresque de plusieurs mètres de haut et de large commencée la veille.
D’après les propos d’Olivier Souillé, directeur de la galerie Maghen, qui exposera à partir de ce vendredi 5 février au Bastille Design Center* de Paris ses œuvres monumentales (article sur l’expo ici) : « Ce Sud-Coréen est affolant. Il n’y a pas une seule chose qu’il ne sache pas dessiner »… Et de l’observer en action est l’un des évènements les plus mémorables de ce festival.
*Vernissage avec performance de Jung Gi Kim le jeudi 4 février à 18h au Bastille Design Center (74, bd Richard Lenoir – Paris). Exposition jusqu’au dimanche 7 février.
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Akira bike
Si vous aussi, vous avez découvert Akira durant votre enfance, il est fort probable que vous rêviez de pouvoir un jour chevaucher la mythique moto de Kaneda. Après avoir eu la main heureuse en tirant l’unique boule rouge plongée au fond d’un sac opaque, j’ai eu cette chance inespérée de grimper dessus le temps d’une courte séance photo (merci Seb !) et de me prendre un instant pour le héros du film. Ça se voit que j’ai l’air heureux ?… 😀
Li Chi Tak
Le festival a choisi d’exposer les œuvres de ce dessinateur originaire de Hong Kong, nourri au cinéma de genre des années 70, à travers une rétrospective de près 80 planches. Depuis le milieu des années 80, il collabore à des magazines japonais, comme Young et Ikki et publie plusieurs dizaines d’albums. Ses illustrations paraissent également dans les journaux et magazines de sa ville. Considéré comme le « parrain » de la bande dessinée indépendante de Hong Kong, Li sort en France un tout nouveau récit intitulé The Beast en collaboration avec Jean Dufaux au scénario.
HiBaNa
La bulle Asie invite également à découvrir les coulisses d’un magazine manga avec l’exposition de plusieurs travaux d’artistes qui participent à son élaboration. Il s’agit d’un mensuel, qui a n’a pas encore un an d’existence, à destination des étudiants japonais et davantage encore à un lectorat féminin. HiBaNa se compose d’une vingtaine de séries à suivre par numéro, soit environ cinq à six cents pages de BD par mois ! Véritables boulimiques de bandes dessinées, ces japonais !
Hommage à Otomo
Après une brève pause déjeuner, nous filons au théâtre d’Angoulême admirer l’hommage rendu par une quarantaine d’artistes internationaux au père du manga et de l’animé cultissime Akira. Otomo est donc à l’honneur de cette 43ème édition, et c’est pour moi la principale raison de ma venue une nouvelle fois dans la ville qui l’a déjà accueilli douze ans auparavant. Je vous laisse découvrir ces splendides images (les photos parlent d’elles-mêmes), démonstrations de l’impact et de l’influence forte et indéniable que le créateur nippon a eu sur une génération entière d’auteurs.
Glénat a eu la bonne idée d’éditer le catalogue de l’exposition limité à 1000 exemplaires. Nous avons fait dédicacer le notre par, le tant sympathique que doué, Nicolas Bannister, auteur de Tib et Tatoum et de l’un des plus beaux hommages à Otomo. Celui-ci a également accepté de nous signer un second exemplaire que nous vous proposerons très prochainement de gagner ici-même, sur le blog ! 😉
Lucky Luke
Le plus célèbre des cowboys de la BD franco-belge fête cette année ses 70 printemps. Toujours aussi fringuant pour cet âge fort respectable. Mais l’heure déjà bien avancée et notre planning rempli ne nous auront malheureusement pas permis de visiter l’exposition consacrée à l’art de Morris, papa de Lucky Luke, au musée de la bande-dessinée. Malgré tout, la ville était décorée un peu partout du fameux héros de l’ouest américain, et nous avons pu en prendre quelques clichés.
interDuck
Attention, une flopée de canards se tapent l’incruste dans l’histoire de l’art international ! Le collectif allemand interDuck, créé par le professeur Eckhart Bauer de l’école supérieure des beaux-arts de Brunswick et certains de ses étudiants, réinterprètent les grands classiques de près d’une centaine d’œuvres, et ceci pour notre plus grand bonheur. De l’art égyptien à René Magritte, en passant par Léonard de Vinci et Francis Bacon, amusez-vous, vous aussi à reconnaître les œuvres et les artistes parodiés. 😉
Hugo Pratt
Ce sera la dernière expo que nous aurons le temps de visiter. Retour aux sources des diverses créations et inspirations du dessinateur italien, très influencé par la littérature et rendu célèbre grâce à un loup de mer, baroudeur et cultivé, nommé Corto Maltese. Riche d’une carrière de près de 50 ans, ce sont des esquisses, des planches en noir et blanc, des aquarelles et des couvertures de magazines qui s’offrent à notre regard, soudain transporté aussi loin que les voyages du fameux marin indémodable.
17h30. Voilà, nous devons déjà repartir pour Paris. Au revoir Angoulême, à l’année prochaine, si les vents nous sont favorables. Espérons également que les polémiques autour des divers sujets de préoccupations (souvent légitimes) des auteurs, qui font exister ce fantastique médium qu’est la BD, n’aient pas un jour raison de l’engouement des gens pour tes jolies expositions…
Sébastien
Petites questions rituelles, initiées par Kloé : Et vous, êtes-vous sensible à la bande dessinée ? Quelle exposition ou évènement vous a le plus intéressé(e) dans cet article ?
Photos © Sébastien R. – Les instantanés de Kloé
Pas eu le temps de voir les canards, merci pour les photos 🙂
Merci Jérôme pour ton commentaire. J’ai adoré les canards, cette dérision et ré-appropriation est tellement drôle.
Comme tu es fan de BD, je vais aller découvrir ton blog que je connais pas encore.
Bonne journée.
Un événement que j’aimerais bien faire un jour ! Merci pour ton article, ca donne encore plus envie :p
Il y a des animations et tentes partout dans la ville. Prévois de bonnes baskets car sans s’en rendre compte on marche beaucoup et la ville est une butte géante. Les rues sont en pentes avec des pavés.
IL y a des bulles spécifiques à découvrir (little asia – polar – bd alternative – expos et hommages de l’année etc…)
Voici le site du festival http://www.bdangouleme.com
L’article qu’on a fait l’année dernière était aussi bien fourni, tu devrais le retrouver facilement avec le #BD dans la barre de recherche ou dans les mots clés sur le coté droit de la page 😉
J’aime beaucoup cet évènement même si l’aller-retour dans la journée est assez épuisant quand je travaille le lendemain. Tu peux t’y prendre en avance et y aller 4 jours mais faut pas se louper pour les hôtels du coin car c’est vite saturé.
Si tu as des questions n’hésites pas.